Kinshasa : “Tombola”, un projet de rencontre autour du cinéma pour sa promotion

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Ph. ACTUALITE.CD

Promouvoir le cinéma congolais, telle est la mission du projet dénommé “Tombola” (élever en lingala). Pour avoir un nouveau narratif ainsi que la visibilité, d’abord dans le pays, les acteurs du secteur se réuniront pour discuter autour du septième art. Rencontre, débat, échange avec le public consommateur de leurs œuvres et de potentiels prochains acteurs ou investisseurs du secteur.

La première rencontre s’est tenue le mercredi 31 août à l’Institut Français de Kinshasa. A la grande halle, face à un public d’environ deux centaines de personnes, les discussions ont tourné sur la place du cinéma et les pistes pour sa promotion. Trois (3) invités ont partagé leurs connaissances. Tshoper Kabambi, réalisateur ; Emmanuel Lupia, producteur et Moyindo Mpongo, acteur.

Chacun des intervenants s’est étendu sur le sujet de la discussion, aussi sur son propre parcours, le rapport assez terne avec les médias pour la diffusion de leurs œuvres, l’avenir du cinéma ; et également sur des questions bien précises du public présent à cet échange sous forme de Talk-show, initié par Henoc Kiyombo.

« Le cinéma congolais est au stade embryonnaire. Il y a 20 ans, on n’avait pas de film. Il y a quelques films qui commencent à voir le jour, mais nous sommes encore dans cette bataille pour essayer de faire exister cet art. On fait face à beaucoup de combats actuellement », a laissé entendre Emmanuel Lupia.

Il ajoute que, pour le moment, les films sont faits par passion, endurant d’énormes sacrifices pour l’amour du septième art. Pour lui, la vraie réussite du cinéma congolais n’est pas dans la démarcation de quelques cinéastes mais plutôt lorsque sera installée une industrie, lorsque les acteurs du secteur pourront vivre de cet art.

Emmanuel Lupia a été à la production exécutive du film “IMA”, sorti en mai dernier, tourné à Kinshasa, dans lequel l’artiste chanteur français d’origine congolaise Dadju Djuna est l’acteur principal. Il est également producteur de la série “Sur le canapé”. Selon lui, la réalisation de ces projets permet la crédibilisation du pays du point de vue de choix pour d’autres projets.

“Il n’y a pas que les mines au Congo”

Au sujet des pistes de la promotion, Moyindo Mpongo a déploré notamment la perte de l’habitude d’aller voir le cinéma dans un coin du quartier. Cela faciliterait la consommation des œuvres des cinéastes congolais. Il pense que le fait que ces endroits de projection des films à l’ancienne soient devenus des salles de fête pour certains, église pour d’autres ou encore des kermesses, il y a chute de culture dans ce sens-là.

« Nous n’avons pas que des mines. Nous avons aussi l’art, les œuvres de l’esprit qui peuvent régénérer des milliards. Les gens ne comprennent pas et les autorités n’ont pas encore fait attention à cet aspect-là. Si elles sont derrière le sport, la musique, qu’elles soient aussi derrière le cinéma », a-t-il souhaité sans langue de bois.

Et d’ajouter :

« À travers le cinéma, on peut éduquer, on peut faire rêver, on peut raconter l’histoire. Nous laissons des traces, à travers l’audiovisuel, qui permettront à une future génération de se rendre compte qu’il y avait des gens qui sont passés ».

Le grand accomplissement qui pourra commencer le déblocage de la situation est le vote de la loi sur la politique culturelle. Cela peut aider à organiser les choses de façon à ce que les œuvres cinématographiques des Congolais soient valorisées à juste titre. La prochaine rencontre du projet Tombola est prévue le 17 septembre, à 10h au ShowBuzz.

Au sujet de la politique culturelle, la ministre congolaise de la culture a signé, le 1er septembre dernier, un note de présentation de la stratégie sectorielle de la culture, arts et patrimoines. La mise en place d’une politique culturelle est le plus grand problème que cette stratégie entend résoudre.

Cela se manifestera notamment par la professionnalisation des métiers et acteurs du secteur de la culture et la dotation du pays des industries culturelles à la hauteur de ses richesses, sa diversité et son potentiel commercial culturel. Et en élaborant le projet de loi sur les principes fondamentaux de la culture, arts et patrimoines.

Emmanuel Kuzamba