RDC : des culturels s'expriment sur le profil et les priorités du prochain ministre de la culture et des arts

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Dans la perspective de la nomination d'un nouveau Premier ministre par le Président de la République, Félix Tshisekedi, et du nouveau gouvernement après la démission de celui de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, quelques acteurs culturels se sont exprimés à ACTUALITÉ.CD sur le profil de celui ou celle qu'ils souhaiteraient voir diriger le ministère de la culture et des arts, mais aussi sur les priorités du secteur.

La plupart des culturels se plaignent de la politique culturelle, selon eux, inexistante en RDC ; du manque de soutien aux artistes, de l'indifférence des autorités et bien d'autres. Ils nous ont fait savoir leurs attentes.

Pour Onassis Mutombo du groupe l'avenir et directeur général du média en ligne Arts.cd, un manager convient le mieux à ce poste.

« L'idéal serait que le ministre de la culture soit un vrai manager et non quelqu'un qu'on va ramasser par-ci par-là parce qu'il se retrouve dans un parti politique du FCC ou de l'UDPS, moins encore de l'UNC, qui se retrouve là parce qu'on doit le récompenser. On doit véritablement mettre un bon manager. Si c'est un politicien, tant mieux, si c'est un artiste, tant mieux. Mais l'idéal serait qu'il soit un bon manager, le reste, c'est juste sa vision qui doit accompagner le ministère de la culture », a-t-il dit.

Missy Bangala, actrice culturelle, Présidente du Café Littéraire de Missy (CALM), dit que la personne idéale doit provenir du monde de la culture.

« Le ministère de la culture a pour mission de promouvoir la création artistique dans toutes ses composantes et de permettre la démocratisation et la diffusion des œuvres culturelles. D'où l'importance d'avoir une personne déjà présente dans le monde culturel, qui va concrétiser la mise en œuvre des projets culturels, qui octroiera aux artistes un statut mieux défini et ainsi soutenir les entrepreneurs culturels dans leur secteur, en s'appuyant sur des lois qui protègeront les artistes et leurs œuvres. Qu'il soit quelqu'un qui encourage plus la création des œuvres d'art et de l'esprit », a-t-elle déclaré.

Et d'ajouter :

« Le développement de l'éducation artistique et culturelle des enfants, des jeunes et des adultes tout au long de leur cursus scolaire et académique devra être mis en avant. La libéralisation du secteur du droit d'auteur et droit voisin est un besoin qui reste d’actualité. Le challenge serait donc de rendre des fonds accessibles aux acteurs culturels pour leur permettre de faire leur travail afin d’obtenir de bons résultats dans la promotion de la culture et surtout les aider au fur et à mesure à être moins dépendants des fonds extérieurs ».

Le poète Harris Kasongo et président de la structure Les Révoltés de Plume, martèle sur l'intégrité qui doit caractériser ce ministre.

« Le profil souhaité est d'avoir un culturel, quelqu'un d'intègre, quelqu'un qui a fait des preuves de gestion. Les artistes ont beaucoup de problèmes. Il y a la question de la libéralisation du secteur des droits d'auteur, une question assez essentielle et qui met tout le monde mal à l'aise avec cette histoire de la socoda ; il y a la question de la protection des œuvres d'art, il y a la détaxation des livres, il y a beaucoup de matières. Donc, premièrement, il faut un homme intègre, deuxièmement un bon gestionnaire et troisièmement quelqu'un de très actif », dit-il.

Et d'ajouter :

« Le ministre peut essayer de faire une programmation d'une année, tenant compte des disciplines. Ça va permettre à ce que les gens s'expriment, qu'ils amènent des projets, qu'ils avancent et qu’ils n’hésitent pas à faire avancer la machine. La culture, c'est un des secteurs porteurs de croissance. Aujourd'hui, si on a deux, trois, quatre cinq, voire une trentaine de musées dans le pays, on va réduire le chômage. Si nous avons des salles de spectacle, des salles de cinéma ; on va engager des gens. La culture a une partie économique mais il faut créer les conditions qui vont permettre à ce qu'elle puisse nourrir, non seulement les acteurs culturels, mais aussi pour porter des fruits pour le trésor public ».

L’Assemblée nationale avait voté la motion de censure contre le Premier ministre Ilunga Ilunkamba et son gouvernement. Ce qui avait conduit le chef de l’exécutif à présenter sa démission le 29 janvier dernier. Actuellement, le gouvernement expédie les affaires courantes. La Présidence de la République a interdit aux ministres d’engager des actions d’envergure telles les dépenses ou encore des nominations en attendant le prochain gouvernement.

Emmanuel Kuzamba