Kinshasa : dédié aux victimes d'injustice, le livre “Prédateurs masqués” a été baptisé samedi

Baptème du livre “Prédateurs masqués”/ph. ACTUALITE.CD

Le roman de Marthe Bosuandole Bulamatari "Prédateurs masqués" a reçu son baptême ce samedi 28 novembre au Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa. Publié depuis 2019 aux éditions Mabiki, le livre est désormais à la portée du public. Il tire son inspiration des faits réels à Kinshasa, notamment dans la prison de Makala.

Marraine du livre et Présidente de la structure Femmes des Lettres Congolaises (FELCO), Yollande Elebe, s'est dit heureuse du fait que les femmes sortent de leur silence.

« Je suis très heureuse parce que c'est ce que nous voulons, que la femme puisse parler, dénoncer ce qui ne va pas, faire entendre sa voix. On dit que nous devons être le témoin de notre temps, tu en fais partie », a-t-elle dit.

Pour l'auteure, le livre est signe de fidélité aux valeurs qu'elle prône et à son rêve de changement sur le plan judiciaire.

« Intituler ce roman comme tel, c'est une fidélité aux valeurs auxquelles je crois, c'est une manière pour moi, de ne pas trahir mes aspirations profondes et mes convictions. C'est m'approcher de ce que je crois fermement. J'ai dédié ce roman à toutes les victimes d'injustice, je pense aux persécutés, à toutes ces personnes humiliées par leur semblables, à tous ceux qui sont condamnés injustement ici ou ailleurs et qui vivent en se posant des questions mythiques sur le devenir de notre pays ; Je voulais à travers ma plume leur dire ma compassion et tout mon soutien. Mon rêve, c'est de voir la justice ou le pouvoir judiciaire devenir le dernier rempart de tout citoyen en République Démocratique du Congo », a dit Marthe Bulamatari.

Et d'ajouter :

« J'écris pour mon plaisir d'abord, mais j'ai aussi des convictions profondes. Je crois à la liberté, la justice, l'amour. Si je crois à la justice et qu'il y a des choses qui peuvent me choquer et ce que je fais c'est d'écrire, c'est une façon pour moi de chercher à guérir de cette colère qu'on peut ressentir face à certaines situations. C'est une manière de sortir des tabous et de la peur. On a trop peur et la peur ne changera à rien, je me suis dit que je devais me lancer et écrire selon que mon cœur me le dit. Dans ce roman je présente mon soutien à toutes ces personnes incarcérées injustement ».

D'abord journaliste, Marthe dit avoir reçu l'inspiration d'écrire ce bouquin dans l'exercice de son métier.

« Tout est parti d'un reportage dans la commune de Makala, c'était au plus fort de la crise dans les années 2015, 2016 et 2017 avec les procès de Lucha et Filimbi qui se déroulait là-bas. C'est ainsi qu'en parlant avec les chefs de ces mouvements, des personnes qui avaient l'air affamées, des personnes arrêtées, des gens qui avaient des parents arrêtés. A voir tout ce qui se passait et ce qu'ils avaient dans leurs visages, je me suis dit que ça pouvait inspirer, ça pouvait valoir un livre. Comme par hasard, je suis tombé sur un prêtre qui était Makala, je me suis informé sur la situation et plein d'autres choses. C'est pourquoi en lisant le livre, il y a certaines scènes qui se rapportent à des histoires vraies. Effectivement, ce sont des faits réels, de vraies victimes, des personnes avec l'eau et le sang, ce n’est pas de la fiction. Je me suis dit qu'on n'est pas tous avocat pour défendre les gens devant les cours et tribunaux, alors mon soutien je vais l'exprimer à travers ma plume et j'ai décidé d'écrire ce livre », a-t-elle déclaré.

Le roman Prédateurs masqués est le deuxième de Marthe Bulamatari elle-même témoin de plusieurs atrocités. Elle raconte l’histoire d’un prêtre catholique congolais accusé de vol et traduit en justice par son évêque dans le cadre d’un règlement de comptes. Incarcéré à Makala, la grande prison de Kinshasa, il y sera jugé et condamné par une justice aux ordres avant de bénéficier d’une grâce présidentielle et être libéré. De nouveau menacé d’arrestation par son évêque, ce prêtre – qui clame son innocence et réclame une confrontation avec son accusateur devant un tribunal ecclésiastique pour faire éclater la vérité – a été obligé de s’exiler dans un pays voisin dans l’indifférence totale de la hiérarchie de l’Église.

Ce Roman est dédié à toutes les victimes d’injustice au Congo et à travers le monde ; il dénonce un système judiciaire aux ordres, un système où la justice est rendue à la tête du client, mieux à son influence ou au poids de son porte-monnaie. Il réclame justice pour tous.

Emmanuel Kuzamba