CHRONIQUE LITTERAIRE DU PROF. YOKA: « Covid-19 : Combien  coûte  la  carte – Covid ? »

PH. PEXELS

Confidences du chauffeur du Ministre …C’est l’histoire de l’ami de mon patron le Ministre des Affaires Stratégiques et Tactiques (à prononcer avec respect…). Cet ami du Ministre  est  belgo-congolais, ou   plutôt   l’inverse :  congo-belge, c’est-à-dire un enfant au départ  cent-pour-cent, sang-pour-sang de chez nous. Cet ami du Ministre est professeur dans une université schengenoise, et champion à temps et à contretemps des droits humains africains…. Entre deux missions politico-scientifiques,  politico-médiatrices,   l’ami a été otage de la Covid-19 et   confiné   malgré  lui  à Kinshasa. Afin sans  doute de tromper l’ennui et l’oisiveté, ce prof, ce Tintin des temps modernes   a récemment agité une initiative politique téméraire : réconcilier l’irréconciliable, à Kinshasa ;  et donc rapprocher       les coalitions incoalisables. Pour le moment, aucun résultat probant… …Mais là n’est pas le souci du chauffeur du Ministre que je suis. Pour le moment, plus que la Covid-19, le  chauffeur du Ministre  a peur d’une épidémie de plus en plus envahissante, le SIDA (le Salaire Insignifiant Difficilement Acquis). Pour le moment également, dans la perspective de l’aller-retour-aller vers Schengen de son ami, mon Ministre m’a chargé de lui  obtenir  la carte Covid-19, une des conditions préalables à tout déplacement hors-pays. Mais ami du Ministre ou pas, chauffeur du Ministre ou pas,  c’est un vrai parcours de combattant que cette fameuse carte. Non seulement  il faut en principe s’aligner patiemment en file indienne, mais tout ça a un coût ; et les tarifs tiennent compte des escales. Par exemple l’ami de mon patron, intrépide pigeon voyageur, devrait avaler escale sur escale : Kinshasa- Kigali- Addis. Abeba - Londres- Amsterdam- Paris- Bruxelles- Liège. La carte Covid-19  a,  parait-il,  un prix proportionnel au nombre des escales. En plus, parait-il,  payable    cash et au départ, avant     embarquement ! Et gare, parait-il,  au voyageur testé « positif » à l’embarquement ; pour  lui, la quarantaine sanitaire et sécuritaire garantie ! L’ami de mon patron, Tintin de la bonne gouvernance, a beau protester et menacer de faire sit-in, rien à faire ! Finalement, j’ai trouvé pour lui la solution. Jusque-là, l’ami  du Ministre, congo-belge de par son état-civil hybride, avait exhibé de préférence sa nationalité  schengenoise d’adoption, mettant de côté le passeport congolais. Je lui ai donc suggéré de faire valoir,  au contraire, ses papiers d’ici, et non de là-bas. Conséquence : au bureau du Covid-19, au vu de ces papiers d’ici,  les tarifs   ont dégringolé ; et   d’autant plus facilement    que mon patron de Ministre avait  pris soin de  glisser dans le dossier une note d’apostille, de recommandation particulièrement appuyée…

(YOKA  Lye) 28.08.2020