RDC: début à Kinshasa des ateliers de la biennale Yango II avec notamment Achille Mbembe et Nadia Yala Kisukidi

ACTUALITE.CD

Les premiers ateliers de la Biennale Yango II se dérouleront à Kinshasa du 4 au 6 février. Cette première phase s’articule autour du questionnement des multiples transformations de l’art contemporain dans le contexte congolais. 

Plusieurs questions seront débattues: Quels lieux privilégier ? Quels espaces investir dans la capitale Kinshasa, elle-même espace de la Biennale ? Quels publics ? Quelles médiations artistiques ?  Toute une série de questions qui vont permettre de ressaisir les lignes conceptuelles, les imaginaires qui traversent les dynamiques de la création artistique contemporaine en RD Congo. 

Des experts aux profils diversifiés tenteront de rendre à ces questions: chercheurs, photographes, cinéastes, poètes, écrivains, slameurs, etc. Le public chinois aura la chance de suivre par exemple la conversation entre Nadia Yala Kisukidi et le philosophe Achille Mbembe. 

Cette biennale se construit autour de trois mouvements : deux sessions d’ateliers, en février et en juin 2020, le mois de la biennale en janvier-février 2021.

A noter que la première édition fut pensée et initiée en 2014 par l’artiste Kiripi Katembo, 

PROGRAMME

1/ 4 février 2020 / Métamorphoses 1 : Kinshasa, cartographier les imaginaires 

Où les artistes peuvent-ils agir, exposer dans la ville ? Quelle cartographie sensible de Kinshasa, éclatant les découpes coloniales, raciales, sociales et administratives, peut-on construire ? Comment la ville reflète-t-elle les habitants et comment les artistes participent-ils à la production de ces reflets ?

La journée “Métamorphose 1 : Kinshasa, cartographier les imaginaires” vise à dessiner des cartes de la ville de Kinshasa, en partant des corps, des habitants, des flux, de la manière dont les artistes l’appréhendent et la reconstruisent dans leurs imaginaires propres et pluriformes, bousculant les frontières et les clôtures qui structurent les logiques territoriales.

Espace : Le Mont des arts 

Matin :  9h - 13h30 / Ateliers fermés

9h - 9h30 : Introduction (Sara Alonso Gómez / Nadia Yala Kisukidi / Sinzo Aanza) 

1/ Esika Ya Makanisi 1/ Les lieux et les habitants de la ville 

Traverser Kinshasa : les communes et les quartiers. Démonter les quadrillages (administratifs, raciaux, coloniaux) de la ville. Explorer la cité, définir des espaces artistiques multiples : marchés, rails, murs, parkings, prisons, parcelles, églises, maisons de deuil, bars, fleuve, etc. Être attentif à la manière dont les habitants de Kinshasa se déplacent produisent l’espace urbain, tout en étant reflétés par lui. Cet atelier vise à spécifier les lieux d’intervention artistique pour la biennale, et à imaginer la manière dont la ville peut tendre un miroir renouvelé à ses habitants.

Atelier animé par : Michael Disanka (théâtre) et Sara Liwerant (UNIKIN, droit)

Participants : Isaac Sahani (photographie), Nelson Makengo (film), Nadia Kayembe (UNIKIN, Sces Po), Bienvenu Kobongo (UNIKIN, Sces Po), Gosette Lubondo (photographie), Dolet Malalu (arts graphiques), Francis Mampuya (peinture) 

2/ Esika Ya Makanisi 2/ Kinshasa, ville-monument ; Kinshasa, ville-mémoire 

La peinture populaire raconte les histoires, monumentales et quotidiennes, qui ont traversé et façonnent aujourd’hui les vies congolaises. Elle propose une micro-histoire qui permet d’interroger la politique des commandes publiques de l’Etat. Se demander quelle histoire de la RDC est incarnée et matérialisée dans les monuments de Kinshasa. S’interroger sur les cadres du récit national congolais : existe-t-il aujourd’hui ? Est-il un ou éclaté ? Que met-il en avant ? Qu’efface-t-il ? Comment les artistes peuvent-ils s’immiscer dans ses ombres et ses silences ? Quels monuments pour quelle histoire ?  

Atelier animé par : Chéri Benga (peintre populaire) et Henri Gbadi (chercheur)

Participants : Michel Ekeba (Congo Astronaute), Priska Tankwey (peinture), Sara Ndele (performance), Bienvenu Nanga (sculpture), Fiyou Ndondoboni (architecture), Balufu Bakupa-Kanyinda (cinéma)

3/ Esika Ya Makanisi 3/ Métamorphoser la ville : Images, récits et mouvements 

Ville traversée par des découpes coloniales, raciales, sociales et administratives, Kinshasa se métamorphose cependant à travers les récits et les images d’artistes, musiciens et écrivains. Cet atelier vise à explorer ce processus de métamorphose engagé par la création artistique et ses résonances dans la ville et la vie de ses habitants. 

Atelier animé par : Eddy Ekete (performance) et Léon Tsambu (UNIKIN, histoire). 

Participants : Falonne Mambu (performance), Elie Mbansing (performance), Moïse Mulumba (Tcherkando Te !), Yoka Lié Mudaba (écriture), Jean Kamba (critique d’art), Mega Mingiedi (multimédia), Duo Chris Mukenge-Lydia Schellhammer (street art), Céline Banza (musique)

Pause déjeuner : 13h – 14h30

Après-midi : 14h30 - 18h / Public

1/ 14.30 -16h : Restitution des Ateliers « Métamorphoses 1 : Kinshasa, cartographier les imaginaires ». 

Avec : Eddy Ekete, Léon Tsambu, Chéri Benga, Henri Gbadi, Michael Disanka, Sara Liwerant (UNIKIN, droit)

Modération : Sara Alonso Gómez (commissaire Biennale Yango II)

Pause : 16h – 16h30 

2/ 16h30-18h : “Réenchanter l’Afrique”

Conversation avec Achille Mbembe, animée par Yala Kisukidi (commissaire Biennale Yango II)

Soirée d’ouverture : 19h30 - 22h / Le Mont des arts / Public

Parcours dans l’œuvre filmique de Balufu Bakupa-Kanyinda (en présence du réalisateur)

2/ 5 février 2020 / Métamorphoses 2 : Songer/Sonder les formes 

Avec quelle grammaire, quel lexique, parler de l’art contemporain en RD Congo ou écrire son histoire ? Quels langages mobiliser pour fabriquer le texte philosophique, esthétique, politique de Yango II ? Dans quelles langues et avec quelles traductions ? Pour quel public ? Dans quels formats ? 

La journée “Métamorphoses 2 : Songer/ Sonder les formes” vise à explorer les formes multiples de la création contemporaine en RD Congo et leur rapport à la (dé)construction de savoirs, de mémoires, de récits. Nous imaginons par exemple la création d’une bibliothèque mutante qui collecte certes des textes mais invente aussi son propre corpus, les mots pour dire l’art, ou encore décrire, raconter les vécus, les histoires multiples, qui façonnent les géographies vivantes du Congo-continent. Les réflexions de cette journée se veulent plus techniques, également : penser des modalités à partir desquelles performer les langages, réinventer les formes de diffusion du savoir, imaginer le bâtiment, les plans, les fonctions d’un lieu de création et de savoir, qui s’inviterait dans la ville. 

Espace : UPN [2]

Matin : 9h - 13 h / Ateliers fermés

1/ Esika Ya Makanisi 4 / Performer les langages et les formes

La performance est à la fois un acte créatif, un moyen de comprendre le pouvoir, une méthode de transmission de la mémoire et de l’identité, ainsi qu’une façon de comprendre le monde. Réfléchir aux façons de performer les langages et les formes, c’est aussi explorer les usages de la performance et ses itérations : la performance artistique, économique, sexuelle, politique et technologique ; la performance de la vie quotidienne ; et la performance genrée et racialisée des corps.

Atelier animé par :  Steve Bandoma (installation) et Sara Alonso Gómez (commissaire Biennale Yango II) 

Participants : Elie Mbansing (performance, vidéo), Junior Mvunzi (installation), Eddy Masumbuku (peinture), Love (KOKOKO musique, chant), Michel Ekeba (Congo Astronaute), Falonne Mambu (performance), Cedrick Nzolo (photographie, design)

2/ Esika Ya Makanisi 5 / Plan et propositions pour la Bibliothèque municipale du futur à Kinshasa 

Comment penser une bibliothèque mutante, la bibliothèque municipale du futur, ouverte à tout.es les kinois.es ? Dans quelle(s) commune(s) faudrait-il la construire ? Quels seraient ses rôles : archiver les savoirs, consolider les mémoires, conserver le patrimoine ... ? Quels livres sur ses rayons ? Quels supports multimédias ? Quelles sonorités ? Quelles couleurs ? Quelle forme pour ses bâtiments ?  Il faut repenser ce que peut être une bibliothèque. Non pas seulement un espace clos, dédié au retrait, au silence, mais un lieu mutant, consacré à la fable, aux livres virtuels - ceux qui n’ont pas été écrits, qui n’existent pas encore et qu’il faut inventer.

Atelier animé par : Michèle Magema (film) et Nadia Yala Kisukidi (commissaire Biennale Yango II) 

Participants : Arsène Mpiana (photographie), Eddy Ekete (Projet Matonge Lisolo), Magloire Mpaka (multimédia), José Bau (opérateur culturel), Sara Liwerant (UNIKIN, droit), Mega Mingiedi (multimédia) 

3/ Esika Ya Makanisi 6 / De quoi le commerce éditorial congolais est-il le nom ?

Une critique des pratiques éditoriales héritées de l’encadrement social colonial. L’édition comme beaucoup d’activités culturelles ou d’économie culturelle, naît au Congo dans le contexte colonial. L’Essor du Congo, premier éditeur sur tout le continent africain, dès 1929, publie des ouvrages soit clairement destinés au lectorat d’Européens de la colonie soit destinés aux Congolais en voie de « civilisation ». Très tôt l’édition se développe donc comme un des outils de la désintégration des cultures locales et d’intégration des autochtones dans le nouvel ordre établi par la colonisation. Le premier livre publié au Congo et sur tout le continent africain s’appellera La politique des Missions Protestantes au Congo du père Jean-Félix de Hemptinne (vicaire apostolique du Katanga). Cet atelier interrogera les pratiques éditoriales à Kinshasa et examinera les perspectives d’une édition et, par-delà l’édition, d’une littérature émancipées, restituées et conscientes du problème fondamental de l’exclusion et de la négation des expressions locales, des préoccupations locales, des esthétiques locales, des sensibilités locales, des subjectivités locales, des idées locales et de l’économie locale dans la tradition éditoriale. 

Atelier animé par : Richard Ali (Responsable Bibliothèque Wallonie-Bruxelles à Kinshasa) et Hervé Bia (écriture)

Participants : Sinzo Aanza (écriture/vidéo), Charles Djungu Simba (Éditions du Pangolin), Dan Bomboko (Éditions Elonja), Christian Gombo (Éditions Nzoi), Bienvenue Séné Mongaba (Éditions Mabiki)

Pause déjeuner : 13h – 14h30

Après-midi : 14h30-18h / Public 

14h30 -16h : Restitution des Ateliers « Métamorphoses 2 : Songer/Sonder les formes ». 

Avec : Steve Bandoma, Sara Alonso Gómez, Michèle Magema, Richard Ali, Hervé Bia (écriture)

Modération : Nadia Yala Kisukidi (commissaire Biennale Yango II) 

 

Soirée : 18h - 23h / Ndaku ya La vie est belle / Public

18.30 / 19.30 : Concert de Rachel Nyangombe (chant) accompagnée de Vicko Twenga (guitare)

3/ 6 février 2019 : “Métamorphoses 3 : Images espiègles / regards troublés” 

La RD Congo, la ville de Kinshasa sont des réservoirs à images. Malgré la profusion de celles-ci, ce sont souvent des grilles de représentations qui soulignent le chaos, le désordre, les expériences limites qui traversent les vies de tous les jours, qui sont privilégiées.  

La journée « Métamorphoses 3 : Images espiègles / regards troublés » invite à débusquer ces images répétitives qui enserrent le regard porté sur les réalités congolaises, et à les détraquer, les démonter pour en proposer d’autres. Défaire les binarités (nuit/jour, lumières/ténèbres etc.) qui saturent les imaginaires à partir desquels on appréhende les mondes congolais et diasporiques. Figurer en étant attentif aux micro-situations, aux événements, aux éléments physiques et matériels concrets et construire une immense fabrique à images, qui se constitue non seulement à partir de ce que l’œil voit et de ce que l’ouïe peut entendre mais aussi de désirs et de rêves non encore actualisés.

Espace : Académie Nationale des Beaux-Arts [3]

 

Matin : 9 à 13 h / Ateliers fermés 

 1/ Esika Ya Makanisi 7 / Images de la frontière, images du territoire 

Des frontières, multiples, tracent et séparent des territoires en RDC. Des territoires géographiques, administratifs, linguistiques, etc. Des territoires symboliques, ceux de la mémoire, de la pensée, du désir etc. Ces frontières parfois se recoupent, parfois entrent en conflit. Elles dressent des murs. Entre les imaginaires. Entre les personnes. Entre les frères, les sœurs, les fils et les filles, les voisins. Elles racontent des nostalgies, qui opèrent toutes leur propre montage de temps. Comment spécifier les différentes frontières, matérielles, psychiques, symboliques qui traversent la RD Congo et ses diasporas ? Les artistes peuvent-ils produire des récits qui réconcilient les mémoires et démontent les tracés meurtriers de la guerre, des nationalismes et de la violence ? Ou comment peuvent-ils créer les langages capables d’enfanter de tels récits, et de déjouer les silences ?

Atelier animé par : Nelson Makengo (film) et Yala Kisukidi (commissaire de la Biennale Yango II)

Participants : Rachel Nyangombe (musique), Godelive Kasangati (photographie), Do Nsoseme (photographie, slam), Michèle Magema (fim), Sammy Baloji (photographie)/ via vidéo

2/ Esika Ya Makanisi 8 / Les (sub)versions et le pouvoir-faire des images

Une image peut-elle être efficace ? On considère que les images sont capables de nous entraîner dans une voie émotive dans la mesure où elles s’imprègnent profondément dans la mémoire. Cette particularité leur a conféré et leur confère encore toute leur puissance. Cet atelier propose une réflexion sur les images-pouvoirs et le pouvoir-faire des images dans la création artistique contemporaine. 

Atelier animé par : Petna Ndaliko (cinéaste, activiste, fondateur de Yole ! Africa) et Sara Alonso Gómez (commissaire Biennale Yango II) 

Participants : Sinzo Aanza (écriture), Bouvi Enkobo (peinture), Papa Mfumu Et’o (fanzine populaire Kinshasa), Christiana Tabaro (performance), Baudouin Bikoko (photographie, l’Art de vivre), Eddy Masumbuku (peinture), Léonard Pongo (photographie), Thembo Kash (caricature) 

3/ Esika Ya Makanisi 9 / Congo 1960 

Les ateliers de la Biennale se tiennent au début de l’année 2020 - année qui célèbre l’anniversaire des soixante ans de l’Indépendance de la République démocratique du Congo. 60 ans d’histoire de la nation congolaise. Quelles traces l’Indépendance laisse-t-elle dans les mémoires ? Comment réécrire l’histoire de l’Indépendance à partir des voix, congolaises et diasporiques, mais aussi plus largement, africaines et planétaires ? Cet Atelier part de la proposition d’écriture Congo-Dipenda (réalisé en 2010) de l’artiste Balufu Bakupa-Kanyinda, pour la confronter à de multiples formes esthétiques et à la recherche contemporaine en histoire.

Atelier animé par : Balufu Bakupa-Kanyinda (cinéma) et Michel Bisa (UNIKIN ; Sciences Politiques)

Participants :  M. Mwabay Kalengay (théâtre), Francis Mampuya (peinture), Bienfait Kambale (UNIKIN, histoire), Fiyou Ndondoboni (architecture), Hallain Paluku (BD - Bana Boul), Starlette Mathata (théâtre)

Pause déjeuner : 13h 14.30

Après-midi : 14.30-18h / Public 

1/ 14h30 -16h : Restitution des Ateliers « Métamorphoses 3 : Images espiègles : regards troublés ». 

Avec : Nelson Makengo, Balufu Bakupa-Kanyinda, Michel Bisa, Petna Ndaliko,  Sara Alonso Gómez 

Modération : Yala Kisukidi (commissaire Biennale Yango II)

Pause : 16h – 16h30 

2/ 16.30-18h : Panel : « Politiques culturelles en RDC » 

Participants : Yvette Tabu (Ministre Provinciale de la Culture), Damien Pwono (Le Mont des Arts) + Paul le Perc (artiste, opérateur culturel CAC), Petna Ndaliko (artiste, Yole ! Africa), Henri Kalama (DG, Ecole des Beaux-Arts), Ados Ndombasi (artist, Dir. du Festival Toseka), Eddy Ekete (Ndaku / Kinact)

Modération : Sara Alonso Gómez (commissaire Biennale Yango II)

Soirée de clôture 19h30 - 23h / Académie des Beaux-Arts de Kinshasa / Public 

Concert du groupe “Gossa”