Le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa, a procédé, lundi 1ᵉʳ décembre, à la libération conditionnelle de 114 détenus en République démocratique du Congo, dont 61 au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK), également appelé prison centrale de Makala. Cette opération fait suite à la signature de l’arrêté du 13 novembre 2025 portant libération conditionnelle.
Selon le garde des Sceaux congolais, les personnes concernées sont celles qui remplissent l'ensemble des critères légaux requis pour bénéficier de cette mesure. Les décisions ont été prises après avis favorable des commissions compétentes et du ministère public, ayant siégé dans 14 établissements pénitentiaires. Le travail se poursuivra dans les autres établissements opérationnels de la RDC.
“ Vous devez savoir qu'en commettant des faits infractionnels, vous pouvez être condamnés pas parce qu'on ne veut pas de vous dans la société mais parce qu’on veut que ce comportement qui trouble l'ordre public puisse être pris en charge et quand on vous enferme l'Etat veut que vous puissiez vous améliorer, quand vous êtes améliorés au terme de votre emprisonnement, que vous puissiez être réinsérés et puissiez réintégrer la société. Nous voulons que vous puissiez être des bons et loyaux citoyens ”, a déclaré Guillaume Ngefa lors de sa prise de parole au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK).
Le choix des condamnés bénéficiaires a été effectué avec la plus grande rigueur. Les personnes libérées ont été invitées à observer strictement toutes les conditions légales attachées à leur libération conditionnelle, à faire preuve d'amendement et à adopter une conduite responsable, conforme à l'esprit de leur réinsertion sociale.
“ Ça veut dire que votre peine est toujours là, jusqu'à ce qu'on voit que votre comportement a réellement changé. Si vous récidivez en vous comportant très mal vous serez arrêtés, jugés et la peine va être encore plus lourde ”, a prévenu le ministre Guillaume Ngefa.
Et d'ajouter :
" On s'est assuré aussi que ceux qui sortent, n'ont pas pris le nom de quelqu'un d'autre, aucune famille n'a pas déboursé des moyens financiers pour la libération conditionnelle, nous nous sommes assurés aussi que les Kulunas condamnés en lien avec les meurtres ne soient pas libérés. Les critères de sélection sont très rigoureux, vous réintégrez la société, soyez des exemples ".
Selon la cellule de communication du ministère de la justice, la procédure de libération conditionnelle a été orchestrée par M. André Kanza, Directeur de la Prison centrale de Makala. Ce dernier a procédé à l’appel nominal des bénéficiaires avant que le ministre ne leur remette, en main propre, leur fiche de libération, document officiel attestant de leur sortie.
Selon le Directeur de la Prison Centrale de Makala, ces libérations ne sont pas le fruit du hasard. Elles répondent à des critères légaux précis : l’analyse minutieuse des cartes de peine (temps d’incarcération déjà effectué); l’évaluation du comportement exemplaire du détenu ; le respect strict des conditions d’éligibilité à la liberté conditionnelle.
Cette action a soufflé un vent d’espoir et d’apaisement parmi la population carcérale restante. Cette première vague de libérations pose les jalons de la nouvelle politique pénitentiaire du gouvernement, axée sur l’humanisation des conditions carcérales et le respect des droits humains.
Cette démarche du ministre de la justice et garde des Sceaux intervient après la publication d'un nouveau rapport de la Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) dénonçant les mauvaises conditions de détention dans la prison centrale de Makala et celle de Ndolo, à Kinshasa. Dans un rapport publié mercredi 19 novembre, le coordonnateur de cette organisation, Emmanuel Cole, affirme avoir répertorié au moins 11 404 détenus, alors que la capacité d’accueil n’est que de 1 500 personnes.
Il indique avoir constaté des cas de malnutrition, des lenteurs judiciaires et d’autres problèmes graves qui affectent ces établissements pénitentiaires. Une série de recommandations ont été formulées à l'endroit du gouvernement pour améliorer la gouvernance dans ce secteur stratégique de la vie nationale.
Clément MUAMBA