Salon des bruits de Kinshasa, festival qui contribue à la dépollution sonore

Salon des bruits de Kinshasa
Salon des bruits de Kinshasa

La cinquième édition du salon des bruits de Kinshasa qui se nomme aussi festival international des sonorités de Kinshasa (FISOKIN) a été lancée mardi 10 janvier dernier. Elle se tient jusqu’au samedi, à l’Institut Français de Kinshasa. L’essentiel du festival repose sur la lutte contre la nuisance sonore, monnaie courante à Kinshasa. L’idée étant d’utiliser l’art pour parler au public.

Initié par l’artiste et entrepreneur culturel Niamba Malafi, le FISOKIN est un évènement culturel à la fois scientifique et festif, qui contribue à la dépollution sonore par des actions artistiques et encourage la préservation des sons moins signifiants à travers des formations, créations et prestations artistiques.

Il se veut un grand débat annuel centré sur l’étude de l’environnement sonore, traçant le lien entre la santé, le droit, l’urbanisme, le numérique et les différentes sonorités accompagnatrices de la vie quotidienne de la ville de Kinshasa et d’ailleurs.

« Les responsabilités de la nuisance sonore sont partagées. Au niveau de la production des chansons, il faut le faire avec des gens qui s’y connaissent. Mais après, il y a une autre facette, c’est la gestion de la musique qui a été produite. Le consommateur doit lui-même gérer les décibels pour que cela ne soit pas nocif sur sa santé », a dit l’artiste chanteur P. James.

Dans le programme des activités, des projections de films pour enfants ont lieu mercredi et jeudi dans la matinée, puis des échanges et débats. Et le grand public a suivi un film sur la thématique des sonorités dans la soirée. Les films “Sitos” de Florent de la Tullaye, “Lagos and Kinshasa sounds” de Malafi, Ihu et Jubilian, et “Fulu Muziki Short Film” d’Elie Mbansing sont projetés pour les enfants. Et “La Danse de Jupiter” de Renaud Barret et Florent de la Tullaye, pour les adultes. L’entrée est libre.

Vendredi 13 janvier, une conférence hybride aura lieu sous le thème « Impact de la pollution sonore sur les êtres humains, sur la faune et sur la flore : les enjeux sociaux, sanitaires et juridiques ». Pasteur, médecin, artiste interviendront. La soirée de clôture se soldera par un concert, samedi 14 janvier. Handy Muzika, Claudia Bakisa, Kratos, P.James, Suintement, BAYAKANDA, Orchestre de chambre de l'INA, Jupiter et Okwess International seront sur scène.

« Pour cette édition, nous pensons développer le plaisir de l’écoute et contribuer à la décentralisation culturelle. Nous avons invité des autorités et plusieurs catégories de gens pour la conférence notamment. Nous voulons débattre sur les questions écologiques pour que les gens soient sensibilisés. Si nous atteignons mille personnes en cette édition, l’objectif est atteint », a dit Malafi, l’initiateur du festival.

Écouter la ville

Pour lancer les activités de cette édition du FISOKIN, une exposition sonore dénommée Écouter la ville a été vernie. Le public a pu suivre des bruits et sons ou musiques photographiées de différents coins et recoins des villes de Kinshasa, Lagos et Kisangani. Pendant 10 minutes, chacun porte des casques et écoute successivement des sons dérangeants et d’autres plus tranquilles. L’exposition est disponible à la médiathèque de l’Institut Français jusqu' à la fin du salon des bruits de Kinshasa.

La narration mêle les sons des activités urbaines, les bruits de fond, les activités humaines, les bruits d’animaux et de la nature, la présence humaine, le langage et communication, la musique résiliente. On peut entendre des gens se plaindre dans un marché, des bruits excessifs. Insinuant que si quelque chose de tragique advenait, ils sauront en retard et seront probablement victimes vu qu’ils n’entendent pas ce qui se dit à quelques mètres.

Ce projet d'exposition sonore “Écouter la ville” est une annexe du Salon des Bruits de Kinshasa. Il invite chacun à une écoute intime de l'ambiance sonore de différentes villes africaines.

Emmanuel Kuzamba