Culture : 12 artistes congolais ont exposé virtuellement au Royaume-Uni entre le 14 octobre et le 28 novembre

Peinture exposition
Ph. ACTUALITE.CD

« Briser le moule » est l’intitulé de l’exposition virtuelle à laquelle 12 artistes congolais ont mis leurs signatures. Ouverte le 14 octobre dernier, l’exposition s’est clôturée ce dimanche 28 novembre dernier. Ces artistes sont principalement des anciens étudiants de l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa qui ont brisé les frontières de la formation académique et ont développé de nouvelles formes d'explorations visuelles.

Pour cette première exposition d’artistes en galerie au Royaume-Uni, la commissaire, Christine Eyene, avait sélectionné plus de quinze œuvres et séries d'art comprenant peinture, photographie, techniques mixtes et pièces d'installation qui reflètent les nouvelles idées, esthétiques et discours émergents du cœur de l'Afrique. Les artistes qui ont participé sont Arlette Bashizi, Beau Disundi, Ghislain Ditshekedi, Godelive Kasangati, Anastasie Langu, Jamil Lusala, Catheris Mondombo, Arsène Mpiana, Stone Mutshikene, Chris Shongo, Ange Swana et Joycenath Tshamala.

La série de photographies d'Arlette Bashizi intitulée Re-construction (2020), utilise l'autoportrait pour se réapproprier et reconstruire l'image des femmes noires, africaines et plus particulièrement congolaises contre les stéréotypes et les fausses représentations persistantes. Anastasie Langu (Prix Lokumu de la photographie 2021) a exploré un thème similaire à travers sa série Norm (2021), tandis que Nefercongo (2019) de l'artiste multidisciplinaire Chris Shongo, élève les femmes congolaises au statut de reine égyptienne Néfertiti à qui il attribue l'origine d'une lignée de femmes africaines.

Dans Foreigner (2019), Godelive Kasangati a adopté une approche introspective plus personnelle pour s'attarder sur les ruptures de son histoire familiale. Traumatisme, mémoire, identité et lieu sont à la fois investis et rejoués à travers des gestes performatifs utilisant le corps du photographe. L'histoire familiale est aussi le point de départ de Perpetual Disconnect (2019-20) d'Arsène Mpiana qui a revisité archives photographiques, histoires et mythes pour tenter de renouer avec ses origines.

Les récits visuels sont une particularité du peintre Ange Swana, qui écrit des scénarios sur les corps. Elle utilise la figure humaine, souvent féminine, pour raconter des histoires intimes et des événements de la vie qui laissent des traces, des déchirures, des blessures, des croûtes et des cicatrices. L'approche naturaliste du portrait de Joycenath Tshamala est contrebalancée par son utilisation de lames de rasoir rouillées. Ceux-ci dépeignent la tête de ses personnages comme une métaphore d'esprits malsains ; esprits qu'il cherche à conscientiser face aux enjeux de société.

La lourde charge de n'avoir rien à faire (2019) a documenté l'économie informelle à laquelle les jeunes Congolais doivent recourir pour se débrouiller seuls dans une société qui leur fait défaut. Jamil Lusala a capturé des moments uniques et insolites, dans ces activités de rue incessantes, qui font pourtant partie de la vie urbaine quotidienne. Catheris Mondombo a abordé le même sujet à travers le prisme de l'exploration astronomique dans une approche qui fait écho à la pensée afrofuturiste.

Sculpteur et architecte de formation, les installations de Beau Disundi négocient les vocabulaires architecturaux et littéraires pour créer des formes qui transgressent ces disciplines et brouillent les frontières entre sculpture et architecture. Les problèmes environnementaux locaux et mondiaux sont abordés par Stone Mutshikene à travers des œuvres de techniques mixtes qui intègrent des expériences chromatiques, des collages et des matériaux recyclés brûlés par l'artiste.

L’exposition « Briser le moule » est la première exposition d'artistes en galerie au Royaume-Uni. Elle cherche à placer le deuxième plus grand pays africain (RDC), dont les traditions sculpturales ont eu un impact significatif sur le développement du modernisme occidental et mondial, au centre de la créativité du continent. Cette exposition a marqué la réouverture du 198 Contemporary Arts and Learning récemment réaménagé.

Emmanuel Kuzamba