"Une fois élu, ma première décision sera d’instituer une commission pour un audit général de l'État" (Shekomba)

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Trois scrutins auront lieu le 23 décembre, a confirmé la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). 46.862.243 électeurs inscrits seront appelés à se choisir leurs députés nationaux, leurs députés provinciaux et leur président de la République. Les candidats sont déjà en campagne électorale et ACTUALITE.CD se met en mode élection. Avec #RDCVOTE, suivez sur toutes nos plateformes numériques tous les candidats à la présidentielle.

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Aujourd’hui, le candidat Alain-Daniel Shekomba

Qu'est ce qui motive votre candidature à l'élection présidentielle ?

Je suis candidat parce que je pense avoir identifié certains problèmes dans mon pays qui nécessitent des solutions. Le premier problème, c’est la défaillance totale de l'État, dû au fait que la corruption et l’irresponsabilité ont été placées en mode par le gouvernement. Donc il faut arrêter cette méthode de gestion pour pouvoir rétablir l’autorité de l'État. La deuxième chose, c’est la sécurité du territoire, et la sécurité des populations. Il faut apporter une solution à cela et, aussi, il faut assurer la distribution équitable des richesses parce qu’il est anormal que dans un pays aussi riche comme la RDC, qu’on ait 80% de la population congolaise qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté.

Quelle sera votre première décision si vous êtes élu président de la République ?

Une fois élu, je pense que ma première décision sera d’instituer une commission qui va s’occuper de l’audit général de l'État.

Comment d'une manière concrète pensez-vous en finir avec les groupes armés dans l'Est de la RDC et, particulièrement avec les ADF, à Béni?

La première chose qu’il faut faire, c’est d’identifier pourquoi il y a ces groupes armés dans l’Est, qui sont leurs fournisseurs d’armes, pour quels motifs ils se battent, qui financent ces groupes armés car, comme vous le savez très bien, on ne peut pas avoir des groupes armés sans armes, sans munitions, sans base arrière et sans financement. Nous pensons que nous devons avoir un dialogue très franc avec les pays voisins et les chefs des groupes armés qui accepteront de nous parler tout simplement parce qu’ils ont pris les armes en protestant contre le pouvoir qui est là maintenant, et ne sera pas le nôtre. Bref, nous ouvrirons deux dialogues. Le premier sera interne avec les groupes armés, et le deuxième avec les pays voisins par où les armes et munitions passent. Si la RDC est déstabilisée, c’est toute la région qui sera déstabilisée. C’est un sujet qui nécessite l’attention de tous les pays concernés pour que nous puissions avoir un espace pacifié et que nous puissions initier des projets de développement commun pour l’intérêt de nos différentes nations. 

Quelle sera votre politique pour accélérer l'industrialisation de la RDC au regard du potentiel énergétique que dispose le pays ?

Le Congo a un potentiel énergique exceptionnel, mais il faut savoir qu’aujourd’hui, le potentiel énergique hydroélectrique de la RDC est évalué à 100 000 mégawatts soit le 1/3 du potentiel africain. Mais notre capacité de production à l’heure actuelle est de 2526 mégawatts dont 87% sont d’origine hydroélectrique. Sur les 2526, nous n’avons que 56% d'énergie disponible. Mais, à cela, il faut ajouter qu’il y a 68 000 000 de Congolais sur 80 000 000 qui n’ont pas l’électricité. Alors, est-ce qu’il suffit de développer le secteur énergétique pour pouvoir développer l’industrialisation ou il faut d’abord voir tous les éléments liés au développement d’un pays. C’est pourquoi, j’insiste sur l’audit général de l’Etat pour pouvoir faire l’évaluation des recettes, des charges de l’Etat, surtout des projets de développement pour lesquels nous devons investir. Parce qu’il est inadmissible qu’un pays qui a le 1/3 du potentiel énergétique africain puisse avoir plus de 80% de sa population sans électricité. Mais moi, Je pense à autre chose. Au lieu de nous concentrer sur l’énergie hydroélectrique, je pense qu’avec la libéralisation du secteur énergétique, ce que nous allons faire, c’est de développer des contrats de concessions avec des partenaires privés pour qu’ils puissent produire et distribuer l’énergie dans des petites villes et dans des villages. C’est pour permettre l’électrification rapide de nos villes et villages, permettre à ceux qui font l’agriculture d’avoir des chambres pour conserver leurs aliments et pour commencer à exporter, afin de vendre dans de grandes villes ou pourquoi pas à l’étranger.

Shekomba

Quelle sera votre priorité, une fois élu, en matière écologique et de développement durable ?

La RDC a 145 millions d'hectares, soit 47% de forêt tropicale africaine et 6% de réserve tropicale mondiale, plus de 1000 essences forestiers identifiés avec une production potentielle de 10 millions de mettre cube des bois par an. Aujourd'hui, il faut savoir à qui profite ces exploitations des bois, et aujourd'hui avec tout le protocole de Kyoto qui permet à certains pays de pouvoir échanger leur point carbone par rapport à la pollution, la RDC a une très grande opportunité d'utiliser sa réserve forestière pour avoir des points carbone et investir dans la production, dans l'autosuffisance alimentaire, et surtout dans la croissance des revenus dans le secteur agricole et, pourquoi pas, améliorer le secteur des infrastructures et du commerce. Je pense que tout revient à pourquoi on veut faire des choses. Les 10 millions de mètre cube du bois vendus, où passe l'argent ? Je pense que nous devons protéger la terre, et si nous voulons protéger la terre, nous devrons prendre l'engagement de respecter le cop 21 et surtout profiter du protocole de Kyoto pour pouvoir faire des échanges avec le point carbone et financier le projet de développement dans notre pays.

Que ferez-vous des minerais dont le cobalt et le coltan considérés comme matières stratégiques et, surtout, de différent pour que les minerais profitent véritablement à l'économie nationale et aux Congolais ?

Tout le monde parle de scandale géologique de la RDC avec plus de 1100 minerais dans son sous-sol. Je pense que c'est ça le malheur de la RDC de penser qu'on ne peut vivre qu'avec l'exploitation minière. Aujourd'hui, comme vous le savez, l'économie congolaise est monolithique, et ce que nous allons faire, c'est que, nous allons profiter de nos minerais pour pouvoir investir dans d'autres secteurs qui vont diversifier l'économie, et mettre en place le secteur de transformation de ces minerais ici en RDC pour créer de l'emploi et surtout de l'expertise. Il est anormal qu'un pays comme la RDC, avec autant des minerais, que nous ne puissions pas avoir des départements, des instituts ou des centres de formation spécialisés dans l'étude de ces minerais, et à quoi ça va servir. Aujourd'hui, il est important que nous puissions mettre l'accent sur l'industrie de transformation, que nous puissions mettre l'accent sur comment diversifier l'économie en profitant de la manne financière produite par les minerais en RDC. Autre chose, il faut revoir le contrat minier, nous ne savons pas si ce contrat profite à qui exactement. Parce que quand on voit certains contrats signés, on se pose la question si on a tenu compte de la population congolaise. Une fois élu, dans le cadre de l'audit général de l'État, nous allons revoir ce contrat et nous allons savoir comment cela peut profiter réellement à la population congolaise, et voir comment cela peut nous aider à diversifier  l'économie congolaise.

Interview réalisée par Stanis Bujakera Tshiamala