« Kabila doit prendre langue avec la vraie opposition » (Grégoire Kiro, RCD/KML)

Grégoire Kiro, secrétaire général du RCD/KML de Mbusa Nyamwisi, considère la signature de l’Arrangement particulier d’un mauvais départ pour la RDC.

Dans une interview accordée ce 1er mai 2017 à ACTUALITE.CD, ce cadre du Rassemblement estime que Joseph Kabila ne peut pas parrainer la signature de l’Arrangement particulier parce que faisant partie du problème. Il l’invite à prendre langue avec la « vraie opposition » pour résoudre vite cette crise.

<b>Pourquoi considérez-vous la signature de l’Arrangement particulier de mauvais départ ?</b>

<em>L’Arrangement particulier ne peut pas être signé sous la convocation des personnes qui étaient parties prenantes aux discussions parce qu’elles seraient juges et parties. Comment pouvez-vous m’expliquer que l’Arrangement particulier soit signé sans le Rassemblement, en l’absence de la Cenco et de la communauté internationale ? Finalement c’est un non-événement.</em>

<b>Les présidents de deux chambres ont reçu mandat de la part du président de la République…</b>

<em>Mais le chef de l’Etat est le principal problème. Dire qu’il reprend les choses en main et donne mandat à Kengo et Minaku pour parrainer la signature de l’Arrangement, ça n’a pas de sens.</em>

<b>Mais le Rassemblement a été représenté par Olenghankoy et la Cenco a déclaré avoir reçu l’invitation en retard ?</b>

<em>Vous savez aussi bien que moi que les personnalités que vous citez ne font pas partie du Rassemblement. Elles ont été exclues pour vagabondage politique. Il n’y a qu’un seul Rassemblement, les autres là c’est l’invention de la Majorité.</em>

<b>Au niveau du Rassemblement vous continuez avec des déclarations alors qu’un Premier ministre a été nommé et qu’un gouvernement est en attente...
</b>

<em>Nous ne nous limitons pas qu’aux déclarations. Pendant que la Majorité présidentielle se livre à sa stratégie de débauchage, les indicateurs du pays sont au rouge. Sur le plan sécuritaire, la paix n’est jamais revenue au Kivu, et aujourd’hui avec tout ce qui se passe au Kasaï suite au phénomène Kamwina Nsapu. C’est à peine que la population ne se révolte pas parce que la situation sociale devient intenable. Sur le plan économique, on assiste à un phénomène de désinvestissement massif et diminution de la consommation. Les recettes de l’Etat sont en chute libre ; la situation ne fait que se dégrader.</em>

<b>Et comment sortir de cette impasse ?</b>

<em>La solution est politique. Il faut que le chef de l’Etat prenne langue avec la vraie opposition. Il ne s’agit pas d’un autre dialogue. Le dialogue de la Cenco n’est jamais fini vu que l’Arrangement particulier n’a jamais été signé. On va juste le continuer.</em>

<b>Dans quel cadre parce que la Cenco n’a plus de chose en main ?</b>

<em>Au terme de la résolution 2348, il est demandé à la Monsuco de jouer un rôle politique. Pourquoi la Monsuco ne prendrait-il pas le relais ? C’est l’une des pistes...</em>

<b>Entre-temps qu’est ce qui justifie les tournées des dirigeants du Rassemblement en Europe ?</b>

<em>Nous faisons face à un pouvoir qui a montré toute sa mauvaise foi et qui ne veut pas de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Ils envoient des délégués à travers le monde pour soutenir les thèses dont tout le monde sait qu’elles sont fausses. Il est tout à fait normal pour le Rassemblement qu’il y ait un autre son de cloche pour présenter la situation telle qu’elle est.</em>

<b>Les élections sont-elles encore possible ?</b>

<em>Je ne suis pas de la Ceni. Mais, par rapport au chronogramme tracé, il sera assez difficile de tenir les élections. On est au mois de mai et rien n’a été fait suite à la mauvaise foi de la MP.</em>

<b>L’organisation des élections est-elle liée à la nomination de Félix Tshisekedi ?</b>

<em>Il n’a jamais été question de personne mais de principe. A partir du moment où on se met d’accord pour gérer le pays pendant la transition, il faut que tout le monde joue franc jeu et cesse le débauchage. Nous sommes un pays en situation économique délicate. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire fi à un appui logistique venant de l’extérieur. Comment cet appui viendra alors que ce gouvernement ne jouit d’aucune légitimité ?</em>

<strong>Interview réalisée par Stanys Bujakera</strong>