L'actualité de la semaine vue par Linda Assimbo

Photo/ droits tiers
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Du voyage de Félix Tshisekedi à Paris, aux élections des gouverneurs et vice-gouverneurs en RDC, en passant par la demande d'ouverture d’une l'information judiciaire contre Fridolin Ambongo, la semaine qui vient de s'achever à été riche en actualité. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Linda Assimbo.

Merci de nous accorder de votre temps Madame Linda Assimbo. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Linda Assimbo : Je suis licenciée en communication et agent à la compagnie agro pastorale du Congo(cap Congo), basée à Kisangani.

Le président français Emmanuel Macron a appelé le Rwanda à cesser tout soutien au M23. Comment évaluez-vous cet appel ?

Linda Assimbo: Encore une fois, c’est une perte de temps.Toutes les preuves démontrent clairement l’invasion rwandaise dans notre pays. Au lieu de prendre des mesures contraignantes, la France nous appelle au dialogue. Comment comprendre que pour l’Ukraine, la France apporte les armes mais en RDC, elle n'invite qu'au dialogue, et continue à développer des programmes de soutien et collaboration avec l’armée rwandaise. C’est totalement absurde.

Elections des gouverneurs de province : parmi les 20 élus, une seule femme a été élue gouverneure de Lualaba. Que pensez-vous de cette élection ?

Linda Assimbo: Ces élections ont démontré une fois de plus le faible engagement des femmes dans la politique en RDC. Les femmes doivent comprendre que pour occuper davantage des postes à haute responsabilité, elles doivent prendre au sérieux leur engagement. La parité c’est l’égalité des chances et non le favoritisme au nom d’une quelconque promotion du genre. 

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le député national Eteni Longondo, dénonce la corruption des députés provinciaux lors de ces élections. Il préconise la révision constitutionnelle pour la suppression des Assemblées provinciales. Qu'en pensez-vous ?

Linda Assimbo: Aucune révision constitutionnelle ne résoudra le problème de corruption dans notre pays. Le Congolais étant lui même auteur de ces actes, il faut une prise de conscience collective pour lutter ardemment contre ces antivaleurs. Nombreux sont ceux qui dénoncent les détournements et la corruption que parce que ça ne leur profite pas. C'est aussi une attitude à bannir.

Remise des jeeps aux députés provinciaux de Kinshasa, Augustin Kabuya parle de la motivation des élus. Quelle lecture en faites-vous ?

Linda Assimo: Ces pratiques constituent des antivaleurs qui doivent être combattues. Le procureur doit se saisir de ce dossier pour faire une enquête sérieuse afin d'éclairer l’opinion sur la nature infractionnelle ou pas de ces faits. 

Pour des propos jugés séditieux, une information judiciaire a été ouverte contre Fridolin Ambongo, Archevêque Métropolitain de Kinshasa. Comment avez-vous accueilli cette annonce ?

Linda Assimbo: le cardinal a certes, tenu des propos très durs que je ne partage pas. Mais je trouve inopportun l’ouverture de cette information judiciaire. Le pays traverse une zone de turbulence, les dirigeants doivent par moment éviter de prendre des décisions pour faire du buzz, car les conséquences peuvent être dramatiques. Le cardinal reste une grande personnalité à la tête d’une église implantée sur tout le territoire national, dans ce genre de période, il vaut mieux avoir avec soi les leaders sociaux que de se les mettre à dos. 

Agressions sexuelles : l’acteur  français Gérard Depardieu a été placé en garde à vue. Comment peut-on protéger les femmes dans ce secteur ?

Linda Assimbo: on doit mettre en place dans chaque pays, des mécanismes de signalement et de prise en charge des plaintes, on doit créer des cellules d'écoute indépendantes et facilement accessibles aux victimes, où elles puissent déposer plainte en toute sécurité et confidentialité, mettre en place des procédures claires et rigoureuses pour enquêter sur les plaintes et prendre des sanctions appropriées contre les agresseurs, former les professionnels du cinéma à la sensibilisation aux agressions sexuelles et aux protocoles de signalement, encourager la diversité et la représentation des femmes à tous les niveaux de l'industrie, tant devant que derrière la caméra, soutenir les victimes et promouvoir la justice, changer les mentalités et lutter contre les stéréotypes.

L'ancien président du Sénat haïtien Edgard Leblanc Fils a été désigné, sans vote, pour prendre la tête du Conseil présidentiel de transition. Comment évaluez-vous le processus ?

Linda Assimbo : l'évaluation du processus de désignation d'Edgard Leblanc Fils est mitigée. Si la rapidité du processus et l'expérience du président du Conseil de transition peuvent être des atouts, le manque de transparence et d'inclusion soulèvent des inquiétudes légitimes. Le succès du Conseil de transition dépendra de sa capacité à s'imposer comme un acteur impartial et rassembleur, capable de répondre aux aspirations du peuple haïtien dans un contexte marqué par de nombreux défis.

En Géorgie, le gouvernement défend un projet de loi, qui prévoit que toute ONG ou organisation médiatique recevant plus de 20% de financement de l'étranger s'enregistre en tant qu'organisation poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère. Cette loi peut-elle être vue comme un obstacle à une éventuelle adhésion du pays à l'UE, selon vous ?

Linda Assimbo: L'adoption du projet de loi dans sa forme actuelle pourrait effectivement constituer un obstacle à l'adhésion de la Géorgie à l'UE, qui met un accent particulier sur le respect des valeurs démocratiques et des libertés fondamentales par ses membres potentiels. Ce projet de loi, s'il n'est pas amendé pour répondre aux préoccupations légitimes, risque de fragiliser la candidature de la Géorgie et entraver ses progrès vers l'intégration européenne.

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka